Edouard Michael

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Extraits de critiques et de lettres concernant l’oeuvre musicale d’Édouard Michaël

Edouard Michaël sorti de l’oubli grâce au CD d’Isabelle Aubier, Anne Loubris, Eric Mélon et Didier Poskin.

…Avec d’excellents partenaires, Isabelle Aubier rend un bel hommage à ce compositeur qui mérite la reconnaissance du public. De lui, ces musiciens ont gravé sur le CD ; Les Pléiades, un cycle de huit mélodies où voix et piano ont une égale importance et où « la musique développe et soutient une atmosphère prenante, évocatrice d’interrogations existentielles », Cinq stèles antiques pour piano ou harpe celtique, à l’écriture modale… La barque enchantée où l’on retrouve l’attrait du compositeur pour les contes de fées, souvenir de son enfance en Orient, La légende de la fée d’un ruisseau pour piano, une sonate pour violon et piano et le Chant d’espérance pour violoncelle et piano. Deux  beaux moments de musique encore que ces plages ! …

« En Juin 1996, j’ai reçu la partition de la Messe pour choeurs mixtes, deux orchestres à cordes, harpe, célesta, glockenspiel et percussion d’Edouard Michaël. Tout de suite, j’ai été frappée par la perfection de l’écriture et la haute inspiration qui traverse toute l’oeuvre. J’ai découvert quelque temps plus tard que Stravinsky avait dit de cette composition qu’elle est l’une des messes les plus originales et les plus belles qu’il ait jamais entendue » confie Isabelle Aubier.

La pianiste va ensuite de découverte en découverte à travers le répertoire d’Edouard Michaël. Des amis musiciens, chesf d’orchestre, compositeurs pensent qu’il s’agit là d’une des oeuvres les plus importantes et les plus originales du XXème siècle !…

Avec ce CD sorti chez René Gailly, Isabelle Aubier, Anne Loubris, Eric Mélon et Didier Poskin ont osé sortir des sentiers battus pour éclairer le chemin qui mène à un compositeur digne d’intérêt.

La Meuse – 24 Décembre 1998

« In spite of the storm, was able to hear your Mass, dear Edouard Michaël, and was very impressed by the emotion it transmits. The authenticity of its expression, really moving. Sorry to say it so badly, but this little message is better than silence. So, very affectionately Nadia Boulanger, 23 juillet 1963. »

« My Dear Michaël, You can’t imagine how happy I am to have heard this moving and beautiful Nocturne. So true and refined in the best sense of the word. Regret to say it so hastily ‘ am really overworked ‘ but, you hear, and so you will know how really I feel happy.
Have always known you are ‘a musician’ but here is a new aspect of your personality. The orchestra sounds so well ; and it reminds me a score of you I cannot locate in my memory. In the sadness of not seing you is the joy also to see a new turn, I do hope, of your life ‘ the first steps are the hardest. If Mr Barraud has heard the Nocturne, he must have been pleased to have shown his confidence in the Mass.
I really congratulate you and am really not surprised but very happy ; and with my wishes, I send the wish very strong to see you soon.
As ever,       Nadia Boulanger. 15 Dec 1957.’

« Mon cher Michaël, Vous ne pouvez imaginer combien je suis heureuse d’avoir entendu ce beau et émouvant Nocturne. Si vrai et raffiné dans le meilleur sens du terme. Désolée de l’exprimer si hâtivement ‘ suis réellement débordée ‘ mais, vous entendez, et donc vous saurez combien je suis réellement heureuse.
J’ai toujours su que vous étiez « un musicien », mais ici se révèle un nouvel  aspect de votre personnalité. L’orchestre sonne tellement bien, et cela me rappelle une autre partition de vous que je n’arrive pas à identifier dans ma mémoire. Dans la tristesse de ne pas vous voir il y a aussi la joie de voir un nouveau tournant, je l’espère bien, dans votre vie ‘ les premier pas sont les plus durs. Si Mr Barraud a entendu le Nocturne, il a du être heureux d’avoir montré sa confiance dans la Messe.
Je vous félicite vraiment et suis réellement, non pas surprise, mais heureuse ; et avec tous mes souhaits, j’exprime fortement celui de vous voir bientôt.
Comme toujours,    Nadia Boulanger, 15 déc 1957″

Le mot révélation, si souvent galvaudé, reprend toute sa vérité et sa pureté en écoutant les oeuvres d’Edouard Michaël dont la ‘présence’ musicale est indiscutable.Cet artiste sympathique a dû méditer la phase de Platon : ‘Dans l’Art, il faut que l’artiste ait toujours présent l’idéal du Beau. La presse parisienne avait déjà parlé en excellents termes de ce compositeur dont la Messe, jouée à la radio, avait obtenu les chaleureuses approbations des mélomanes à l’écoute. Cette année, M. Michaël a donné, devant un public nombreux et enthousiaste Kamaal, conte féérique. Oeuvre très attachante, pleine de trouvailles personnelles ; l’auteur a su créer une habile et subtile atmosphère d’intense poésie. Page écrite avec son coeur et qui touche le coeur de l’auditeur.
Il faut suivre avec attention la carrière de M. Michaël qui vient de recevoir en Amérique le prix Lili Boulanger : elle réserve certainement de très heureuses surprises.

Musiques, Mai 1958

Un superbe CD sort de l’oubli un grand musicien.    Une véritable histoire de coups de foudre. A partager.

« La musique d’Edouard Michaël, trop oublié, est de celles qui engendrent des coups de foudre. Mais les fées de la musique ont plus d’un tour dans leur sac : avec un CD, elles s’attaquent à l’oubli qui s’est fait sur le musicien. Le signent ses quatre amoureux, la pianiste Isabelle Aubier, la soprano Anne Loubris, le violoniste Eric Mélon, le violoncelliste Didier Poskin.

Edouard Michaël dut sa vocation musicale à une rencontre. C’était en 1940, aux premiers jours de la guerre. Après une enfance et une adolescence de voyages au Moyen-Orient, ce jeune Anglais se trouvait, à 18 ans, enrôlé à la RAF. Une altiste, femme d’aumônier militaire, ayant remarqué sa passion pour la musique, lui enseigne les bases de la composition. Son assimilation est stupéfiante : deux ans plus tard, il présente sa première oeuvre à un concours qu’il remporte. La guerre finie, il poursuivra ses études dans une des écoles de musique les plus fameuses, la Guildhall, puis se perfectionnera en cours privés. Composition, direction d’orchestre, violon. A ce dernier titre, il deviendra même un soliste réputé en Angleterre. Attiré par la musique française, il prendra encore des leçons chez Nadia Boulanger.

En 1954, un Psaume pour choeur d’hommes lui vaudra le prix Vercelli. Trois ans plus tard, une autre récompense (le prix Lili Boulanger) couronnera aux USA son Nocturne pour flûte et orchestre. Dans le jury siègeront Igor Stravinsky et Aaron Copland.

Le compositeur a aujourd’hui 78 ans et vit en France, près de Paris. Le CD qui paraît aux Editions Gailly, offre un bel échantillon de l’oeuvre de chambre d’Edouard Michaël. On y trouve des mélodies « Les Pléiades », sur des poèmes de Houseman, des pièces pour piano: « Cinq Stèles Antiques », « La barque enchantée », « La Légende de la fée d’un ruisseau », une sonate pour violon et piano digne de figurer au répertoire aux côtés de celles de Franck, de Saint-Saëns ou de Dukas, le « Chant d’Espérance » enfin, poème pour violoncelle et piano.

Ici s’expriment sans détours une rare sensibilité et un raffinement extrême. On n’aura pas de mal à aimer cette écriture étonnamment fluide et souple où le concept d’harmonie doit être pris dans toutes les acceptions du mot.

Faut-il dire qu’Isabelle Aubier, Anne Loubris, Eric Mélon et Didier Poskin prêtent à cette musique leurs doigts, voix et archets avec un talent et une sensibilité qui lui rendent enfin justice ? »

                   Emile Rossion – La Libre Belgique 15 mars 1999

« L’attention du monde musical a été particulièrement attirée sur Edouard Michaël depuis les deux exécutions de sa Messe  à la radio française (Messe pour choeur, deux orchestres à cordes, célesta, harpe, glockenspiel et percussion). Disons tout de suite que cette oeuvre de haute inspiration ne peut pas laisser indifférent. Et j’insiste en soulignant d’un trait rouge que cette Messe  ne peut pas laisser indifférent le véritable public  ‘ ce qui est assez rare pour une oeuvre contemporaine ‘ car en somme la musique nouvelle n’est pas faite pour plaire seulement aux critiques musicaux !
On devine chez ce compositeur une réelle puissance d’expression, une originalité assez étonnante qui situe une authentique personnalité de créateur et enfin un métier très poussé.
Mais le cas de ce musicien nous permet de constater une fois encore qu’il n’est pas besoin de faire appel à ces procédés dits d’avant-garde pour créer un langage neuf ou une façon de s’exprimer qui n’emprunte pas les formules courantes de l’écriture. Sans compter que l’emploi du dodécaphonisme par exemple enlève toute entité définie à la musique basée sur ce système et toute personnalité aux compositeurs qui croient naïvement faire de l’original !
Cet authentique créateur, Edouard Michaël, est né en Angleterre de parents orientaux et vécut dans plusieurs contrées d’Orient (dont Bagdad) jusqu’à l’âge de 19 ans. Il vint ensuite poursuivre ses études de violon et de composition à Londres. Ses professeurs furent Berthold Goldsmith, Matyas Seiber et, à Paris, Nadia Boulanger. »

                                                      Musique et Radio  Fin 1961.

« … Je voudrais dire un mot aussi d’un jeune compositeur d’origine orientale par sa mère : Monsieur Edouard Michaël.
Celui-ci n’a guère plus de 35 ans, et j’entendais sa musique de chambre pour la première fois. Nous étions là, peut-être une centaine, qui avons eu la révélation d’un musicien ! Il y a là un essai remarquable d’intégration des gammes orientales dans la musique d’Occident, avec tout ce que cela peut amener de souplesse, de couleur et d’expression nouvelle ; mais au delà de ce qui pouvait n’être rien qu’un exotisme roublard, M. Michaël traduit les mouvements profonds d’une âme particulièrement tendue vers les hauteurs de la méditation philosophique et religieuse, d’une âme en quête de pureté, d’infinie tendresse et de paix vivante. Cela n’exclut ni la mélancolie ni même le désespoir de la créature en lutte pour son idéal et souffrant de ses échecs, implorant Dieu de lui venir en aide et se confiant doucement à lui, gonflée d’espoir.
Il y a dans l’Elégie et la Prière pour Ondes Martenot et les Trois rituels pour deux ondes et tambourin’ ou le Lento du Trio pour violon, alto et violoncelle, des inspirations qui vous saisissent violemment, de cette émotion particulière dont on sait qu’elle vous révèle de la beau.
Il y a de jeunes instrumentistes et d’autres, illustres, qui cherchent pour leur répertoire des oeuvres de qualité : ils trouveront mieux que cela chez Edouard Michaël. A quand un concert public où chacun pourra juger ? »

                               Jean Hamon Journal ‘Combat’  Juin 1954.

« …Indépendamment de la grande estime que je porte à Edouard Michaël pour ses qualités humaines exceptionnelles, j’ai la plus grande admiration pour son oeuvre de compositeur.
Sans se laisser influencer par les diverses tendances contemporaines, on trouve chez M. Edouard Michaël les marques d’une sincérité totale, mettant toujours son art au service de la spiritualité. »

Maurice Martenot, 1965.

« Merci de m’avoir signalé la Messe d’Edouard Michaël, diffusée à l’heure du déjeuner. Je l’ai écoutée avec tant d’attention que je ne me suis pas aperçu que j’oubliais de savourer l’excellent plat que l’on m’avait servi… N’y voyez nul reproche, ni même de regret, mais la preuve que cette Messe est curieusement attachante par sa sincérité. Et l’on y sent ce que vous appelez ‘l’élévation d’esprit.’ Merci donc. »

André Cadou, compositeur et chef d’orchestre,
chef titulaire de la Musique de la Comédie Française, 1956.

 « …Le programme d’André Gonnet et de John Mac Grew permit d’apprécier une Sonate d’Edouard Michaël ; cette oeuvre jouée en France pour la première fois nous révélait un compositeur jeune qui ne méprise pas de parler le langage de ses pairs sans vouloir à tout prix faire nouveau et moderne. Il est possible de suivre une ligne de pensée dans cette oeuvre de construction solide, et les thèmes qui ne craignent point d’être mélodieux, sont soutenus par des harmonies pleines qui les mettent en valeur. »

                   Dominique Machuel, Le guide du Concert, Juin 1958.

« Devant une salle comble, l’Orchestre national présentait hier soir, au théatre des Champs-Elysées, trois ouvrages nouveaux. Tout d’abord La Vision de Lamis Helacim,  brève page symbolique de M. Edouard Michaël, marquée d’un sobre orientalisme, qui fut fort applaudie.
Né en Angleterre, mais d’ascendance orientale, Edouard Michaël est déjà connu du public parisien par une Messe deux fois donnée à la Radio, par une symphonie pour cordes et plusieurs ouvrages de musique de chambre… »

                               Le Figaro, Dernières minutes,  Janvier 1962.

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