Edouard Michael
Pièces du CD
Un CD de musique de chambre, produit par René Gailly est sorti en 1998.
Isabelle Aubier piano, Anne Loubris soprano, Eric Mélon, violon, Didier Poskin violoncelle
Chant d’espérance pour violoncelle et piano
Sonate pour violon et piano
Cinq stèles antiques pour les touches blanches du piano
La barque enchantée pour piano
La légende de la fée d’un ruisseau pour piano
Les Pleiades pour soprano et piano
Chant d’espérance – poème pour violoncelle et piano –
Cette oeuvre profondément expressive est très exigeante pour les deux instrumentistes. Le piano ne se contente pas d’accompagner le violoncelle, il s’agit ici d’un véritable concerto, tandis que l’écriture du violoncelle est des plus intenses. C’est une réalisation rare de l’indépendance et de la fusion des deux partenaires.
L’ensemble de l’oeuvre, de caractère très oriental, exprime une intense aspiration élégiaque et douloureuse.
A la manière des poèmes symphoniques, la musique nous raconte une histoire.
Le premier mouvement (molto largo) évoque la nostalgie d’une contrée lointaine et oubliée, plongée dans une brume mystérieuse.
Le deuxième mouvement, extrêmement dramatique, exprime, à la manière épique, la force et l’engagement d’un héros de légende ainsi qu’un élan de plus en plus grand vers la lumière d’un monde au delà du temporel.
Sonate pour violon et piano
En tête de la partition :
« Gethsémani …. Il pria, disant : Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. Alors, un ange lui apparut du ciel pour le fortifier. Etant en agonie, il priait plus instamment et sa sueur devint comme des gouttes de sang, qui tombaient à terre. » Saint Luc, 22
Les deux premiers mouvements traduisent une ambiance mystérieuse et tragique. Le troisième mouvement complète cette impression avec un thème émouvant et passionné.
En ce qui concerne l’écriture de la partie de violon, il faut rappeler qu’Edouard Michaël a lui-même été violoniste soliste.
Appréciations de la sonate :
“…Le programme d’André Gonnet et de John Mac Grew permit d’apprécier une Sonate d’Edouard Michaël ; cette oeuvre jouée en France pour la première fois nous révélait un compositeur jeune qui ne méprise pas de parler le langage de ses pairs sans vouloir à tout prix faire nouveau et moderne. Il est possible de suivre une ligne de pensée dans cette oeuvre de construction solide, et les thèmes qui ne craignent point d’être mélodieux, sont soutenus par des harmonies pleines qui les mettent en valeur.” Dominique Machuel, Le guide du Concert, Juin 1958.
Pièces pour piano
Cinq stèles antiques – pour harpe celtique ou piano –
L’écriture tout à fait modale évoque le calme et l’équilibre. La musique est pourtant dense et complexe, ce qui n’est pas toujours le cas dans les oeuvres de musique modale.
Ces douze minutes de musique représentent un véritable tour de force sur le plan musical car l’intérêt est constamment renouvelé bien que le compositeur n’ait utilisé que les touches blanches du piano.
En effet, cette oeuvre est destinée aussi bien au piano qu’à la harpe celtique, L’équilibre parfait du triangle mélodie, rythme et harmonie se trouve en particulier réalisé dans Dithyrambe, la Danse de la Licorne et le rite de Marsyas.
Les pièces lentes (Chant Delphique, Thrène d’Adonis) suscitent davantage chez l’auditeur un étrange sentiment de continuité intérieure.
L’écriture demande une utilisation plus complète de la pédale, ce qui ajoute au caractère sensible de l’oeuvre.
La barque enchantée – danse antique –
Un thème merveilleux, une musique pleine de tendresse et de douce nostalgie. On retrouve l’attrait du compositeur pour les contes de fées, souvenir de son enfance en Orient.
La légende de la fée d’un ruisseau –
Pièce d’une grande poésie dans laquelle le compositeur utilise de manière innée et très personnelle certaines couleurs orientales.
Les Pléiades – pour soprano et piano
Cycle de huit mélodies d’une émouvante beauté, pour soprano et piano, qui se déroule comme un voyage dans les hauteurs de la réflexion philosophique.
Les Pléiades : un choix qui illustre l’intérêt que le compositeur a toujours montré pour tout ce qui touche au Cosmos.
L’oeuvre a pour base des poèmes de Houseman vers lesquels le compositeur s’était senti attiré en raison de l’impression de mystère qu’ils dégagent.
La musique développe et soutient une atmosphère prenante, évocatrice d’interrogations existentielles.
Pour chaque mélodie, le compositeur utilise des couleurs (quasi-orchestrales) très différentes, et pourtant l’ensemble du cycle forme un tout si cohérent qu’il n’y a rien qui puisse en être retranché ni y être ajouté.
On ne peut parler ici de mélodie accompagnée, la voix et la partie de piano ont une égale importance.
Appréciations du CD
Edouard Michaël sorti de l’oubli grâce au CD d’Isabelle Aubier, Anne Loubris, Eric Mélon et Didier Poskin… Avec d’excellents partenaires, Isabelle Aubier rend un bel hommage à ce compositeur qui mérite la reconnaissance du public. De lui, ces musiciens ont gravé sur le CD ; Les Pléiades, un cycle de huit mélodies où voix et piano ont une égale importance et où « la musique développe et soutient une atmosphère prenante, évocatrice d’interrogations existentielles », Cinq stèles antiques pour piano ou harpe celtique, à l’écriture modale… La barque enchantée où l’on retrouve l’attrait du compositeur pour les contes de fées, souvenir de son enfance en Orient, La légende de la fée d’un ruisseau pour piano, une sonate pour violon et piano et le Chant d’espérance pour violoncelle et piano.
« En Juin 1996, j’ai reçu la partition de la Messe pour choeurs mixtes, deux orchestres à cordes, harpe, célesta, glockenspiel et percussion d’Edouard Michaël. Tout de suite, j’ai été frappée par la perfection de l’écriture et la haute inspiration qui traverse toute l’oeuvre. J’ai découvert quelque temps plus tard que Stravinsky avait dit de cette composition qu’elle est l’une des messes les plus originales et les plus belles qu’il ait jamais entendue » confie Isabelle Aubier.
La pianiste va ensuite de découverte en découverte à travers le répertoire d’Edouard Michaël. Des amis musiciens, chesf d’orchestre, compositeurs pensent qu’il s’agit là d’une des oeuvres les plus importantes et les plus originales du XXème siècle !…
Avec ce CD sorti chez René Gailly, Isabelle Aubier, Anne Loubris, Eric Mélon et Didier Poskin ont osé sortir des sentiers battus pour éclairer le chemin qui mène à un compositeur digne d’intérêt. La Meuse – 24 Décembre 1998
« Un superbe CD sort de l’oubli un grand musicien. Une véritable histoire de coups de foudre. A partager.
LA SECONDE VIE D’EDOUARD MICHAEL. »
La musique d’Edouard Michaël, trop oublié, est de celles qui engendrent des coups de foudre. Mais les fées de la musique ont plus d’un tour dans leur sac : avec un CD, elles s’attaquent à l’oubli qui s’est fait sur le musicien. Le signent ses quatre amoureux, la pianiste Isabelle Aubier, la soprano Anne Loubris, le violoniste Eric Mélon, le violoncelliste Didier Poskin.
Edouard Michaël dut sa vocation musicale à une rencontre. C’était en 1940, aux premiers jours de la guerre. Après une enfance et une adolescence de voyages au Moyen-Orient, ce jeune Anglais se trouvait, à 18 ans, enrôlé à la RAF. Une altiste, femme d’aumônier militaire, ayant remarqué sa passion pour la musique, lui enseigne les bases de la composition. Son assimilation est stupéfiante : deux ans plus tard, il présente sa première oeuvre à un concours qu’il remporte. La guerre finie, il poursuivra ses études dans une des écoles de musique les plus fameuses, la Guildhall, puis se perfectionnera en cours privés. Composition, direction d’orchestre, violon. A ce dernier titre, il deviendra même un soliste réputé en Angleterre. Attiré par la musique française, il prendra encore des leçons chez Nadia Boulanger.
En 1954, un Psaume pour choeur d’hommes lui vaudra le prix Vercelli. Trois ans plus tard, une autre récompense (le prix Lili Boulanger) couronnera aux USA son Nocturne pour flûte et orchestre. Dans le jury siègeront Igor Stravinsky et Aaron Copland.Le compositeur a aujourd’hui 78 ans et vit en France, près de Paris. Le CD qui paraît aux Editions Gailly, offre un bel échantillon de l’oeuvre de chambre d’Edouard Michaël. On y trouve des mélodies « Les Pléiades », sur des poèmes de Houseman, des pièces pour piano: « Cinq Stèles Antiques », « La barque enchantée », « La Légende de la fée d’un ruisseau », une sonate pour violon et piano digne de figurer au répertoire aux côtés de celles de Franck, de Saint-Saëns ou de Dukas, le « Chant d’Espérance » enfin, poème pour violoncelle et piano. Ici s’expriment sans détours une rare sensibilité et un raffinement extrême. On n’aura pas de mal à aimer cette écriture étonnamment fluide et souple où le concept d’harmonie doit être pris dans toutes les acceptions du mot.
Faut-il dire qu’Isabelle Aubier, Anne Loubris, Eric Mélon et Didier Poskin prêtent à cette musique leurs doigts, voix et archets avec un talent et une sensibilité qui lui rendent enfin justice ? » Emile Rossion – La Libre Belgique 15 mars 1999